Extrait du livre "L'ART DE LA MARCHE" d'OLIVIER BLEYS

Cet écrivain a décidé de faire "le Tour du Monde à pied" en parcourant pendant un mois chaque année, un petit bout de route .. Il vient de publier un livre L'ART DE LA MARCHE chez Albin Michel, dont le texte passionnant nous fait vivre les  six premières  étapes européennes  de  son AVENTURE - En effet, il est parti de Pampelonne petit village du Tarn, a traversé la France, la Suisse, l'Italie, la Slovénie, la Croatie, la Hongrie.

En voici un extrait page 132  "Marcher, c'est accompagner le mouvement de la Terre. C'est donc, en quelque façon, entrer dans la danse des corps célestes, s'harmoniser au cosmos. Rester immobile, au contraire, c'est tomber sous le joug de la gravité, laisser peser sur soi les forces de l'univers et les subir passivement.

La complexion des hommes en marche et des hommes à l'arrêt n'est pas la même. Les immobiles les "assis", rejoignent au fil des ans, la forme ronde et tassée des choses conçues pour poser à plat, telles qu'une pendule de cheminée, un vase à fleurs, un petit aquarium.  Inversement, les actifs les "allants" tendent à s'étirer comme tous les objets dessinés pour le mouvement rapide : flèche ou fusée, javelot ou voiture de course.

La marche affine la silhouette non tant par l'énergie qu'elle consomme - dont elle se montre, en fait, très économe : une poignée de cacahuètes suffit à marcher dix kilomètres - qu'en favorisant l'adaptation du corps à ce genre d'exercice. Quand on réduit sa corpulence, on se déplace plus agilement. Il semble aussi qu'on pénètre mieux l'air.  Les marcheurs affûtés sont des lames de couteaux qui fendent l'espace sans, dirait-on, éprouver la moindre résistance ni du sol ni de l'atmosphère....."

et page 187 " La marche vers un but n'est pas neutre ; elle raconte une histoire palpitante et pleine de rebondissements. Au début, quand on est loin d'arriver, , les jambes pèsent, le progrès qu'amène chaque pas semble insuffisant, presque dérisoire. Un moment vient pourtant, autour de midi, où le chemin parcouru (le déplacement du pointeur sur la carte digitale) ne fait plus honte au voyageur à pied.  Il tire une fierté légitime des dix, parfois des quinze kilomètres marchés depuis le matin, et se complaît quelques heures dans cette impression heureuse, analogue au sentiment chez l'artisan du travail bien fait. Puis - est ce la digestion qui l'alourdit, la fatigue qui l'entame ? - le marcheur bascule en fin de journée dans une émotion contraire.   La distance couverte la veille lui revient en mémoire. ......etc etc ..

En lisant ce livre vous ressentirez tous les INSTANTS de joie, de fatigue, d'étonnement, de frayeur, d'épuisement, de sagesse, de beauté, de poésie de ce long périple - il vous donnera envie, j'en suis sûre, de vous METTRE EN ROUTE  vous aussi ..

BONNE LECTURE et vive la marche à pied !